Qu'est-ce qui compte dans le passé d'une marque ? (long)


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écrit par Bruno le 23 septembre 2001 22:46:36:

en réponse à: un passé qui ne passe pas? écrit par jojo l'arsouille le 21 septembre 2001 09:04:04:

Salut à tous,

étant parti prendre le soleil (si, si!) sur les bords de la "Thames" comme disent les Londoniens, je prends la discussion en cours, voire en retard. Mais je vais m'exprimer sur ce sujet quand même.
Bon, qu'est-ce qui compte dans l'ancienneté d'une marque ? Les maîtres horlogers qui ont créé ce qui est devenu ces merveilleuses pompes à pognon en usant leurs yeux à la lueur d'une bougie pour concevoir ces mouvements légendaires sont morts. Et depuis un bail.
Avant de mourir, ces preux chevaliers de la micro-mécanique ont-ils transmis leur savoir-faire ? Ont-ils formé leurs fils ou frères à leur art ? Oui, à quelques happy few. Ceux-ci l'ont-il fait ? Oui, peut-être mais quand bien même ils l'auraient fait, aujourd'hui, les mouvements sont conçus par ordinateur. Tous les trucs de vieux filous de la micro-mécanique sont mis en équation, dessinés à la souris et optimisés par des puces en silicium.
Rien de mal en cela, c'est le progrès. Les voitures modernes les plus excitantes le sont aussi, sans que personne ne s'en émeuve ni ne demande le retour à la planche à dessin, le compas et le tire-ligne de 0.3 mm.

La continuité donc des marques pourrait-elle se voir dans les dirigeants qui montrent la voie ? Non plus ! Ce ne sont plus les même et les principes directeurs de ces entreprises à but lucratif ne sont plus tout à fait les mêmes qu'à l'époque et pour notre plus grand bonheur d'ailleurs, car combien d'entres nous auraient pu s'acheter une Patek en 1850 ? Ca valait un tel prix que les gens de ma catégorie socioprofessionnelle en tout cas, qui n’existait pas d’ailleurs, n’auraient certainement pas pu l'envisager.
Il reste donc un nom, un style et un segment comme disent les marketeux. Mais les styles valsent avec les modes, se tirant la bourre en essayant de garder leurs clients et d’en trouver de nouveaux en fonction de l’air du temps. Les segments eux bougent avec les réalités économiques et les stratégies des dirigeants, parfois avec talent, parfois sans.

Donc, à ce stade, il reste quoi ? Le nom ! Bien voilà, c’est tout ce que sont ces marques si prestigieuses, un nom !
Et bien ça, ça peut se vendre, s’acheter, s’exploiter, se développer ou même se faire crever. C’est ce qu’ils font tous maintenant, ils perpétuent le nom en essayant de se gourer le moins possible. Et nous, on avale sans se poser trop de questions leurs balivernes sur le côté ancestral de leurs produits, car on a besoin de justifier les fortunes que l’on engloutit dans cette passion par une sorte de sacrifice sur l’autel de la tradition à perpétuer. C’est un "ça vaut un tas de pognon mais ça vient de loin dans le passé, alors ça les vaut" comme pour une chaise Louis XV, fragile, pas confortable mais qui est une antiquité et sur laquelle je ne sais quelle comtesse empoudrée a posé son noble cul.

Attention, ne vous méprenez-pas, je ne suis pas contre cette quête d’authenticité et j’y suis même sensible, mais soyons juste conscients de la futilité de tout cela, tout comme de la subtilité des gens qui nous le mettent dans la tête pour gagner leur croûte.

Donc vieux, pas vieux, histoire continue ou pas, je m’en balance, je donne mon argent à des gens qui me donnent ce dont j’ai envie, que ce soit eux qui me l’aient donnée ou pas cette envie, car en réalité, ça me fait du bien.

Amitiés,

Bruno (fondé en 1969)




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