Re: Qualité et marketing...
écrit par servatempus le 09 mai 2003 12:22:30:
en réponse à: La qualité Montblanc pas tout à fait hors sujet. écrit par Platy le 09 mai 2003 10:50:02:
Bonjour !
Je suis content que vous constatiez également que la qualité Montblanc, c’est pas ça du tout. Cette marque n’a réussit à percer que grâce à un marketing bien mené dans les années 80 sur le côté un peu snob et immédiatement reconnaissable de son étoile blanche (nommée affectueusement la « crotte de pigeon » par tous les vrais amateurs de stylos).
Mon cheval de bataille préféré et sur lequel je reviens le plus souvent, c’est le rapport qualité/prix qui est à mon sens fondamental pour tout amateur de montres ou de stylos. La plume et la mécanique sont, aujourd’hui, ce qu’on peut appeler des « technologies désuètes ». Cependant, elles ont marqué les consciences collectives et ont acquis aux yeux de beaucoup un charme et une valeur symbolique indéniable.
L’idée que je m’entête à répandre est celle-ci : les entreprises exploitent cette valeur symbolique pour générer du profit. En soi, me direz-vous, ce n’est pas un crime. Seulement, le problème est là : les prix sont si éloignés du coût réel du produit, qu’au final, ce que l’acheteur paye, ce n’est plus le produit et ses qualités mais la valeur symbolique que le marketing a généré.
Autrement dit, on achète de plus en plus un moyen de s’affirmer et de se faire représenter au travers du discours marketing des marques alors que ce discours était censé nous faire découvrir un produit au départ. C’est exactement ce qui s’est passé avec Nike dans les années 80 chez les jeunes : une paire de Nike est socialement enviable et est vendue 200 euros alors qu'à la sortie d'usine elle ne vaut que 2 euros. On produit artificiellement de la valeur symbolique par le marketing qui est finalement la seule et réelle justification au prix affichés par Nike.
C'est le moyen de génération de profit le plus employé à l'heure actuelle.
Conséquence ? On entre dans un système de valeur complètement fictif qui risque à long terme d’éliminer du marché la notion même de « qualité de produit ».
Je résume rapidement mon idée, car le problème est beaucoup plus complexe que cela, évidemment. Ce phénomène est l’expression des profonds bouleversements qui animent nos sociétés capitalistes ces dernières années. Nous assistons en quelque sorte à l’émergence d’un nouveau système de valeurs intéressant mais assez inquiétant quand même, comme tout ce qui est porteur de nouveauté.
Amicalement
Servatempus
Réponses:
- On peut difficilement dire mieux (ST) platy 09.5.2003 13:58 (0)