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Re: mesure de production : Explications (long)


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écrit par ppl le 10 janvier 2005 00:04:29:

en réponse à: mesure de production écrit par polo 2 le 09 janvier 2005 21:30:49:

>>on dirait du feutre. ça c'est du fait maison! sûrement une pièce unique...
>je possède un hanhart avec une échèle decimale (1/100 minutes)
>de l'époque militaire, à quoi pouvait-il servir?
>j'ai du mal à saisir ce que peut-être en pratique le calcul de la production.
>merci
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Bonjour, de mémoire (cela fait quelques années que je n’ai plus pratiqué) je vais essayer de répondre à ta question concernant la mesure de la production.

En général elle est effectuée par le personnel du service méthode de l’entreprise, parfois par des personnes de ce service spécialisées dans ce genre de tâches ou par des salariés d’organismes de conseil employés ponctuellement par l’entreprise (j’ai été dans tous ces cas).

Pour faire simple, mesurer la production sert à connaître le temps de réalisation d’une tâche par un opérateur (ou une machine), cela permet de faire des prévisions de production (et de calculer les prix de revient), et donc aussi d’imposer des cadences de travail au personnel (il va sans dire que le chronométreur est souvent un peu mal aimé et qu’un bon relationnel est essentiel dans ce métier).

La mesure de la production commence en général par l’analyse de la tâche à chronométrer, au bureau ou sur place, et par la définition d’un mode opératoire « optimal », c'est-à-dire de la succession des gestes élémentaires nécessaires, en éliminant au maximum tous ceux inutiles et les sources d’aléas qui peuvent perturber la mesure.

On découpe chronologiquement l’opération sur une fiche de relevé, en un nombre variable d’éléments mesurables et intéressant à exploiter par la suite (exemple simplifié : approvisionnement du composant de base, travail sur le composant, évacuation)

On peut mesurer la réalisation de l’opération dans son ensemble ou bien la fractionner en gestes ou étapes élémentaires, ce qui permet ensuite de se constituer un catalogue de temps prédéterminés et de faire des prévisions à priori pour de nouveaux produits (par exemple en simulant les gestes nécessaires au bureau ou sur le poste, mais il est prudent de vérifier les prévisions lors du lancement en présérie).

Pour cela on utilisait il y a une vingtaine d’années (et +) des chronos de poche mécaniques à remontage manuel (notamment des zivy).

Il existe plusieurs façons de procéder selon l’expérience et les habitudes du chronométreur :
On peut remettre à zéro le chrono après chaque fraction d’opération : blocage de l’aiguille, lecture du temps, retour et redémarrage ensuite (avec prise de note du temps sur la fiche pendant que le chrono trotte) ou retour direct de l’aiguille après lecture instantanée et redémarrage immédiat (fallait avoir un sacré coup d’œil pour lire les temps, tu peut me croire), on peut aussi faire du temps cumulé (lecture de la valeur à la fin de chaque étapes intermédiaire.

L’unité de mesure est variable selon la précision souhaitée et la durée des opérations à chronométrer (en fait on peut utiliser ce qu’on veut) parfois en secondes, mais plus souvent en CMN (centième de minute) ou en DMH (dix millième d’heure) pour les très petits temps (perso, au chrono digital, j’ai mesuré fréquemment des temps inférieurs à 10 dmh, en dessous ça devient difficile sans se mélanger les pinceaux parce que ça va très (trop) vite, mais ça reste faisable avec un peu d’entraînement). J’ai dans ma collection un chrono mécanique en secondes et un autre en centième de minutes.

Depuis quelques temps on utilise des chronos digitaux (sorte de chrono de poche en plastique à quartz et à affichage à cristaux liquides, plus précis en lecture et plus confortables à utiliser), ou des boîtiers électroniques un peu plus gros à affichage digital aussi, plus ou moins élaborés, (certains sont de vrais petits ordinateurs qui impriment tous les relevés, le cumul,…) cela évite la prise de note des temps et constitue aussi une « preuve » de l’impartialité du chronométreur, mais en cas de problème, c’est difficile de s’y retrouver (perso pas ma tasse de thé !, un bon relevé manuel et un bon tableur sur PC et le tour est joué).

Une fois les relevés bruts effectués sur le terrain on procède au « dépouillement », on expurge les aléas qui ont pu se produire (et sur lesquels on va essayer d’agir dans la mesure du possible pour les éliminer), on va attribuer à chaque fraction chronométrée une fréquence (exemple : évacuation de la caisse de composant 1 fois pour 50 pièces, donc temps divisé par 50), on pondère les temps relevés par un « jugement d’allure » qui les ramène à une moyenne réalisable par une majorité de personnes normalement habiles, puis on rajoute des coefficient de « dynamométrie position » en fonction des efforts fournis pour permettre la récupération physique des opérateurs, et si nécessaires des coefficients « d’ambiance » pour compenser des conditions « anormales » de température,…

Voila, j’espère que ma mémoire ne m’a pas trop trahie et que les spécialistes qui ont une expérience plus récente sauront corriger mes erreurs éventuelles.

Cordialement : Pascal (farouche chronométreur dans une vie antérieure:-).



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