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Réflexion


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écrit par Vapaanga le 15 avril 2005 19:33:51:

Ma passion de l’horlogerie est liée à la fois à un plaisir de la chaire et à un plaisir de l‘esprit.

Charnel car la montre est d’abord un objet et que la passion est vécue dans la chaire et qu’elle est ressentie. La montre est un contact tactile, visuel et auditif avec une réalité matérielle qui me rappelle ma propre matérialité, ma propre mortalité d’être humain. J’existe dans un temps donné, dans une histoire humaine. La montre est donc d’abord un lien avec le présent, avec l’instant que je vis quand je sens une montre sur ma peau. Je suis un être de chair qui vit et ressent des émotions, des sentiments et des sensations. Ma montre me le rappelle en permanence, dès que je la regarde, dès que je me mets à l’observer, à la contempler. C’est l’aspect vil, ce côté superficiel et purement matérialiste de l’existence humaine. En ce sens, ma montre est aussi une vanité, une objet de concupiscence qui me rappelle ma propre superficialité, la vanité de ma vie, et mon caractère finalement éphémère.

Mais l’amour de l’horlogerie est également un plaisir de l‘esprit. Car j’essaie de lutter contre la passion, j’essaie de combattre ces sentiments éphémères qui m’envahissent et qui me brûlent et cela, seul mon esprit me le permet. Seul lui peut m’aider à m’élever au delà de ma matérialité et de la matérialité du monde. Seul un souffle subtile peut faire briller la plus laide ou la plus belle des émotions en me montrant sa toute relativité. En me montrant son caractère éphémère. Je dépasse alors ma passion car je me sais possédé par une émotion qui ne peut durer. Pour preuve, je sais que demain je serai amoureux d’une autre montre, d’un nouvel objet. L’être est finalement quelque chose de fragile, quelque chose qui ne perdure pas dans le temps et cette vérité, ma montre me le rappelle en permanence. Car la passion que je vis pour elle m’invite à me le rappeler en permanence. Et cela, seul l’esprit me permet de le penser.

Oui, tout est éphémère et comme le rappelle Baudelaire: « Tantôt sonnera l’heure ou le divin Hasard, où l’auguste Vertu, ton épouse encore vierge, où le repentir même (oh! la dernière auberge!), où tout te dira: Meurs, vieux lâche, il est trop tard! ».

Cdt

Vapaanga


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