R: L'INTERVIEW IMAGINAIRE D'ABRAHAM-LOUIS BREGUET (long)
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écrit par F.P .L le 12 septembre 2005 20:48:01:
en réponse à: L'INTERVIEW IMAGINAIRE D'ABRAHAM-LOUIS BREGUET (long) écrit par jojopointcom le 12 septembre 2005 12:39:30:
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>Bonjour M. Abraham-Louis Breguet…
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>Appel moi Abram !
>Euh, donc, M. Abram, vous êtes un des plus grands génies de la fin du 18e…
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>Laisse tomber la brosse, là ou je suis, l'orgueil c'est pas une valeur à la hausse.
>…Vous êtes né à Neuchâtel en 1747 et avez été initié à l'horlogerie par votre beau-père, Joseph Tattet. Parlez-nous de vos débuts et de votre apprentissage.
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> Y'a pas grand chose à dire. Je sais pas si tu as déjà mis les pieds à Neuchâtel, mais en gros, l'hiver tu te les pèles et l'été tu t'emmerdes velu. Pas un cinoche, pas un rade correct.
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> Alors tu passes le temps comme tu peux, et l'horlogerie ou autre chose…
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>Enfin, je vais pas faire ma mauvaise tête, ça m'a bien aidé. Je sais pas si tu sais, mais à 14 barreaux, paumé dans les montagnes et pas une gonzesse potable à 100 lieux, vaut mieux pouvoir se concentrer sur des trucs. Et plus c'est minutieux, moins t'y penses, si tu vois ce que je veux dire.
>Vous êtes ensuite venu en France.
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>À 15 ans, le papet il a eu pitié et il m'a envoyé en apprentissage à Paris.
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>Là, j'ai découvert Lépine. Ce gars là, il était sacrément burné. Un vrai kadhor.
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>Imagine, il a inventé la platine unique avec ponts séparés. En utilisant des échappements à virgules, à repos ou à cylindre, il créait la montre moderne sans coqs et sans fusée. Un génie ce gars, j'te dis !
>En 1755, vous épousez Cécile Marie-Louise Lhuillier et vous vous installez à votre compte Place Dauphine.
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> C'est que la Place Dauphine, à l'époque, c'était l'endroit ou il fallait être. Un peu comme le Palace ou les Bains douches.
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>On avait pas Montand et la Simone, mais tous les horlogers qui comptaient étaient dans le coin, pareil pour les fournituristes et ceux qui bossaient sur les boîtiers. C'est pas un hasard si à côté, ça s'appelle le Quai de l'horloge.
>Vous avez tout de suite percé dans le métier ?
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> Ah ça non. Au début c'était raide, le rata, il était plutôt clair !
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> J'utilisais des ébauches pas trop chères de Japy, et j'essayais de faire des trucs potables en m'inspirant des mouvements de Lépine. J'ai même fait des montres à coqs, pas mal de répètes et des trucs plus ou moins balèzes.
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> Là ou j'ai vraiment commencé à prendre mon pied, c'est en travaillant sur le mouvement perpétuel.
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>Ok, c'est Perrelet qui avait inventé le système, mais je me suis dit que comme on s'appelle pareil (Abraham-Louis, ndlr) je pouvais bien m'en inspirer. Les premiers modèles sont sortis en 1780, et autant te dire que ça a fait un tabac.
>Le succès arrive enfin, les rois et les reines du monde vous passent commande. Le "style Breguet" fait fureur.
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> Y'avait pas à se plaindre. Ça tournait plutôt bien. J'ai commencé à sortir deux, trois machins du tonnerre comme le ressort timbre pour les répèts et le pare-chute. Mais surtout, j'avais trouvé mon look : cadran argent guilloché, aiguilles pommes et chiffres arabes en ital. Le design, mon gars, c'est ça le secret.
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>Si j'avais écouté les pignoufs du marketing à l'époque, j'aurais fait que des cadrans en émail avec chiffres romains et joulie déco fleurie à la mords moi l'nœud sur les boîtiers. J'te dis pas la cata !
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>En 1796, vous lancez la montre à souscription…
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>Ouais, ça m'a valu le surnom de Cofinoga !
>… idée géniale qui permit à beaucoup de personnes, non fortunées, de s'offrir une de vos montres en la payant en plusieurs fois.
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> Non, ce qui aurait été génial, ça aurait été de prendre des intérêts… flippe pas, j'déconne !
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>Cette montre, il fallait qu'elle soit précise, de bonne facture et pas trop chère. Pour y arriver, j'ai tout simplifié : le mouvement ne comprend que 4 roues, il n'y a pas de minuterie et j'utilisais un échappement à cylindre de mon invention. Cet échappement possède un axe plein sur toute sa longueur, et ça, mon petit gars, associé au pare-chute, c'est du solide de chez balèze.
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> Exemples de montres à souscription
>Vous êtes aussi l'inventeur du régulateur à tourbillon dont vous déposez le brevet en 1801 !
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> Ah oui, celui-la, on peut dire qu'il a fait école.
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> J'en ai bavé pour le réaliser. Réussir à monter l'ensemble de l'échappement sur une cage mobile qui effectue une révolution sur elle-même en une, quatre ou six minutes c'est un taf de malade.
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> J'en ai vendu 35.
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> 35, tu te rends compte, tout ce boulot pour vendre 35 montres alors qu'aujourd'hui on en sort une centaine par jour ?!
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> Remarque, ça me fait doucement marrer, parce que vos tourbillons, ils tourbillonnent pour que dalle, vu que la tocante elle arrête pas de gigoter sur le poignet.
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>T'y comprends quelque chose, toi ?
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> Le brevet du régulateur à tourbillon et une montre tourbillon
>Vous avez aussi créer le spiral Breguet…
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>C'est comme le Port Salut, c'est écrit dessus !
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>… ainsi que l'échappement à force constante, le chronomètre d'observation, un chronomètre de marine à double barillet, le compteur astronomique à oculaire permettant de mesurer les dixièmes de secondes…
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> Comme tu dis, j'ai pas eu le temps de peigner la girafe !
>Malheureusement, votre belle carrière se termine le 17 septembre 1823.
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> Attends, pour l'époque, c'était un exploit de tenir jusque-là.
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> 76 ans, sans la téloche, sans PS2, sans portable, sans… remarque, je sais pas si vous y avez gagné !
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> Bon, faut que je te laisse, y'a le patron qui aime pas trop qu'on traîne avec les mortels. Tchô !
>Merci M. Breguet, ce fut un plaisir.
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>Sources : "La montre Française" de A. Chapiro, Breguet.ch, Worldtempus.com
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