Re: Sensiblement le même parcours mais pas pour la finalité
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écrit par Sylvestre le 04 octobre 2006 10:11:26:
en réponse à: Itinéraire d’un chronomaniaque ordinaire écrit par Keys le 04 octobre 2006 08:22:29:
Bonjour
Histoire bien narrée, sympathique. Pas mal d'avoir eu de si belles montres si jeunes. En même temps, heureusement que je n'y suis pas tombé dedans aussi tôt sinon je ne sais pas ce que j'aurais au poignet aujourd'hui, mais je serais ruiné...lol
En tous les cas, sensiblement le même parcours avec des montres intermédiaires au lieu d'acheter tout de suite celle vraiment désirée.
Mais pour ma part, pas de rolex pour les mêmes raisons que notre cher origami, mais plutôt une iwc riosto ou portugaise comme finalité.>Il est bon parfois de faire un petit bilan sur son parcours. Dans la vie, les amours, le travail et puis aussi pourquoi pas ses passions horlogères. Je vous propose donc de partager avec moi ce petit témoignage…
>Au début était ça :
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>Pendant les 22 premières années de ma vie, ce style de montre a toujours trouvé une très bonne place à mon poignet. Je ne changeais de montre que lorsque la pile était usée ou le bracelet déchiré. Sans rechercher l’esthétisme absolu ou la montre ultra design, j’essayais de trouver des petites montres sympas et sportives (i.e. en plastique, avec un chrono et un affichage digital). Affichage digital parce que cela me permettait une lecture de l’heure très rapide et très précise, à tel point qu’au bout d’un moment j’étais devenu quasi incapable de lire l’heure sur des aiguilles sans réfléchir au moins 30s avant…Parce que oui j’étais un ayatollah de la précision. Quand je lisais ou donnais l’heure, c’était à la seconde près ! Et niveau ponctualité, c’était un drame pour moi que d’être en retard. Evidemment comme ce n’est pas du tout la préoccupation première de nombre de gens et en particulier de mes amis, je devais apprendre à devenir patient…Cette aparté me fait d’ailleurs me (et vous) poser la question : un chronomaniaque est il par nature ponctuel ?...
>Bref, moi je les aimais bien mes casio, j’étais même en admiration devant le concentré de technologie qu’on pouvait trouver à l’intérieur. Je ne pensais même pas qu’un jour l’idée d’en changer me viendrait à l’esprit. Et cela même lorsqu’une amie me fit la réflexion un jour que ce n’était pas très classe en costume…Allons donc, je ne voyais vraiment pas pourquoi ! Elle n’a vraiment aucun goût…
>Tout aurait pu continuer ainsi pendant longtemps. Parfois j’essaie d’imaginer si les choses avaient été différentes : ma casio et moi, main dans la main, se promenant en amoureux sur la plage, ignorant de la menace qui pesait désormais sur notre couple devenu fragile…
>Car oui, le destin, dans sa froide résolution, en avait décidé autrement par le biais de mon stage de fin d’étude d’école d’ingénieur : optimisation des flux de production au sein d’une célèbre manufacture à la couronne.
>« Ouai, des montres pourquoi pas. Ca ne doit pas être bien compliqué leur histoire de flux. Pis ca me fera visiter la Suisse. Allons-y pour voir », que je me suis dit. Naïvement. Mettant ainsi le doigt dans un engrenage de petites roues dentées qui allait bientôt m’aspirer tout entier.
>Je ne mis pas longtemps à me rendre compte que j’étais complètement ridicule avec ma casio ici. Mais vraiment, en plus. Du coup, après 2 semaines, je ne mettais plus de montre. J’ai souvent le courage de mes convictions, mais là, il faut bien avouer que la conviction avait laissé place au doute…
>Et puis finalement, l’heure de Windows, c’est pas mal aussi. Et quand je suis en déplacement, j’ai l’heure de mon téléphone. C’est vachement pratique ça…
>Evidemment, ca ne tint qu’un temps. Une montre, c’est quand même beaucoup plus pratique et surtout pour la première fois, je me disais que ca pouvait aussi être sacrément jolie !
>Les premiers sous commençant à tomber, je venais à me dire que je pourrais tout à fait m’acheter une montre davantage présentable. Mais alors quoi, ça c’était une autre histoire. Ma culture horlogère se limitait à mon entreprise … dont les produits étaient absolument inenvisageables !
>Puis un jour à la faveur d’une lecture d’un magasine, je tombe sur une publicité pour le site Factory121.com. Le concept est simple : vous designez vous-même votre propre montre à partir d’une base de données d’éléments via le site internet. Elle est ensuite assemblée et livrée à domicile. L’avantage est double : la montre est quasi unique et en passant directement de l’usine au client, on évite toute la chaine de distribution et les marges qui vont avec, donc on paie moins cher à qualité équivalente.
>Et pour le coup, la qualité, elle y est ! Même aujourd’hui avec davantage de recul horloger, je suis impressionné de la finition de ces petites montres. D’autant que le catalogue actuel est vraiment intéressant. Voici donc la belle, ma première belle en fait :
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>Vous imaginerez facilement quelle montre, à l’époque, me plaisait (un chrono, cadran blanc, bracelet type Oyster…huuum...mais alors là je ne vois vraiment pas, une fois, moi !).
>Ca y est je pouvais enfin porter une montre au boulot sans en avoir honte ! Victoire ! Et puis c’était la première fois de ma vie que je portais un bracelet métallique, avec boucle déployante qui plus est ! J’étais le roi du village, fier comme un pape ! Mon capital classe repassait dans le positif.
>Mais voilà, elle était à quartz. Et depuis peu, je commençais à remettre en cause ma ligne de conduite des mois précédent du « tssss, je ne comprends pas qu’on puisse s’intéresser plus au mouvement mécanique qu’au quartz ». Pour moi, c’était pareil et je ne voyais pas la différence qu’on pouvait y trouver. Une montre, c’est une montre, bon sang. Alors ok maintenant, je peux dire, c’est une jolie montre, mais on s’en fout de ce qu’il y a à l’intérieur !
>Fatale erreur. Et là encore le bras puissant de la Vérité n’allait pas tarder à me tapoter l’épaule…
>J’avoue ne plus me souvenir quand le déclic se produisit, mais d’un coup je vis toute la beauté du mécanisme horloger, tout l’art que cela impliquait, toute la magie qui éclatait à la seule vue du mouvement fluide d’une trotteuse, la (presque – merci la Spring Drive) vraie représentation de la continuité du temps qui passe. Et surtout, la mécanisation du temps ! Ca, c’est une notion qui m’a souvent assis par terre. Mécaniser le temps. Le temps, cette chose impalpable, fuyante, impossible à définir clairement et là, on le mécanise avec des petites roues dentées et des petits ressorts et on l’enferme dans une boite ! Une montre mécanique prend soudain pour moi un tournant de représentation important : elle vit, elle a une âme, à la différence de la froideur d’un mouvement à quartz, représentation zombiesque de la mesure du temps. On doit lui porter de l’attention tous les jours au risque de la voir s’arrêter. Et quand c’est le cas, pas de panique : un simple petit massage cardiaque de la couronne et on revoit son petit cœur battre la mesure. Une certaine forme d’immortalité par le fait.
>C’est pourquoi ma montre suivante se devait d’être mécanique. Je me suis donc orienté vers des marques présentant un rapport qualité/petits prix reconnu ! Trois marques présentaient pour moi cette caractéristique : Tissot, Maurice Lacroix et Frederique Constant, marque que me faisait découvrir un autre ami chronomaniaque tout aussi passionné et à qui je dois beaucoup dans cette passion. Mes parents souhaitant m’offrir un beau cadeau pour mon diplôme, je trouvais là une occasion rêvée…
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>C’est ainsi que profitant d’une visite de leur part à Genève, je les accompagnais acheter ma Frederique Constant Heart Beat Pesuasion qui avait obtenu l’ensemble de mes suffrages, grâce, notamment à son ouverture dans le cadran qui me permettait de regarder battre son mouvement :
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>Je tins environ 6 mois avec cette montre qui ne manquait pas d’attirer le regard et de recevoir de nombreux compliments de la part de mes collègues. Puis mon ami Maurice se rappela à mon bon souvenir un jour de printemps 2005. C’est vrai que je l’avais un peu négligé ces derniers temps. On avait été les meilleurs amis du monde, jusqu’à ce que la belle Frederique nous sépare et accapare tout mon temps. Et depuis ce moment, plus de nouvelle, rien, et le pire dans tout ça, c’est que c’était de ma faute.
>Je bouillais donc de renouer le contact avec ce vieil ami qui m’avait tant inspiré fut un temps.
>Je commençais alors à faire quelques petits tours des boutiques, passer sur le site de la marque tous les jours, m’extasier devant les Masterpieces. En quelques semaines, la décision était prise : j’allais m’acheter une Maurice Lacroix. Je vous passe toutes les phases que je traversais sur mon choix pour m’arrêter justement sur la Phase de Lune. Je me souviens encore du jour où je partis l’acheter. Je n’arrivais pas à me décider s’il était raisonnable d’aller faire cet achat. Du coup, un jour, je me dis au boulot : « en sortant du parking si tu tournes a gauche, c’est direction la maison, si tu tournes à droite, tu vas jusqu’au bout, c’est Genève et tu te l’achètes ! ». Evidemment je pris à droite non sans une petite hésitation.
>En arrivant au magasin, il n’y avait plus de Phase de Lune. Arggg…J’allais repartir quand je vis dans la vitrine, cachée derrière quelques copines, la Masterpiece Peseux 7046 dont le mariage or jaune, croco marron et aiguille bleuies allaient à merveille et me séduisirent sur le champ. Je me rappelle néanmoins l’énorme sentiment de culpabilité qui m’a rongé pendant pas mal de jours sur la justification d’un tel achat. Il est vrai que j’avais franchi là la barre symbolique des 1000€ et la chose avait encore du mal à passer. Mais en même temps, combien d’entre nous n’ont pas vécu ça au moment de leur premier achat « non-raisonnable ». J’entends déjà les plus sages d’entre vous s’écrier « Ahlala, il est venu pour acheter une montre, ne l’a pas trouvé et est reparti avec une autre ! Terrible erreur qu’il va regretter».Et ceux là même n’auraient pas du tout tort. Car il est vrai que je ne trouvais pas ce petit « truc » qui m’aurait fait l’aimer longtemps. Je passe sur un problème de date qui commençait à tourner à 19h (!) et qui me fit l’envoyer 1 mois au SAV, et achever de me convaincre de la revendre.
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>Et c’est dans cette pleine période de doute que je tombais sur l’annonce de Guy du forum qui vendait sa Maurice Lacroix Grand Guichet, dont les photos (est il encore utile de le préciser ?) magnifiques sublimaient la montre. En un soir la décision était prise et je me ruais sur mon mail pour la lui réserver.
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>(Photo Guy)
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>Le mariage or rose des aiguilles et appliques et du cadran noir est à mon goût magnifique (d’ailleurs je regrette que le designer de la montre n’ait pas été jusqu’au bout de cette idée car une lunette en or rose plutôt que jaune aurait été ici d’un meilleur effet….). A part ce détail, je suis toujours en admiration devant cette montre.
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>Ah et j’allais en oublier une ! Evidemment à force de voir et d’entendre parler de la fameuse Seiko Diver 200, je me mis à regarder ce modèle d’un petit peu plus près. Il est vrai que je n’avais pas de montre de baroudeur pour aller me rouler dans la boue et que celle-ci pourrait remplir avec panache ce cruel manque ! Bon seul problème, je n’aimais vraiment pas la forme des aiguilles trop grossières à mon goût de la D200. Heureusement, une autre version de la D200 existait sous le nom de guerre de Seiko Samourai et celle là me plaisait davantage ! Je me justifiais donc de vacances à la mer à venir pour me dépêcher de l’acheter sur ebay…
>Je l’ai plus tard habillée d’un bracelet NATO au lieu du (très bon) métallique d’origine pour renforcer son côté baroudeuse.
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>Nous arrivons tout doucement au début 2006 et mes 25 ans arrivant, je commence à réfléchir à un beau cadeau, histoire de marquer le quart de siècle.
>J’avais à l’époque poster un texte à ce sujet vous présentant le résultat de ma quête que je vous laisserai relire pour ceux que ça intéresse ( Blink – Zenith Class dans la section 'Ma montre à moi'), je ne vais pas revenir là-dessus. Je vous présente donc ici la Zenith Class El Primero :
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>Toujours est-il que s’affinait en moi à cette époque mon objectif horloger. Avoir 3 montres. Pas plus, pas moins.
>Un chrono, une baroudeuse et une montre classe et habillée.
>Pour le chrono, je visais un El Primero pour ses 36000 A/h et donc le sens qu’on avait de parler d’un chronométrage au 1/10e. Ma Zenith répondait parfaitement à ce premier objectif.
>Pour la baroudeuse, je pensais nécessairement à une montre sportive, robuste, intemporelle…à laquelle bien évidemment tout le monde ici aura pensé, tout comme moi : Rolex.
>Pour la montre habillée, j’avoue pour le moment être sous le charme de la Panomatic Phase de Lune de Glasshütte Original, mais je sais que ce choix n’est pas encore définitif et est susceptible d’évoluer au fur et à mesure des découvertes.
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>J’ai porté la Zenith pendant plus de 6 mois, la remontant soigneusement tous les matins, m’extasiant chaque fois que je lisais l’heure (oui car maintenant j’arrive à lire l’heure avec des aiguilles ! :-p), admirant le mouvement visible à travers le fond. Ceci étant dit, après seulement 2 mois de possession, apparut le spectre menaçant d’un danger encore plus grand, l’ombre terrifiante d’un monstre de légende qui dévorait tout sur son passage depuis près d’un siècle, de la marque auquel beaucoup tentent de résister sans réussir à tenir bien longtemps (à part Origami, mais lui il prend de la potion magique de druide…). Ce nom tient en 5 lettres, une branche de couronne par lettre, formant un nom court, prononçable de la même façon dans toutes les langues, contraction d’horlogerie exquise et aux couleurs de l’Irlande, pays d’origine de la femme du fondateur, j’ai nommé : ROLEX.
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>J’ai mis 1 mois ou 2 à me décider si je devais ou non m’acheter une Rolex. Auparavant, je voyais cet achat comme un aboutissement et de ce fait je ne voulais pas y passer trop tôt, de peur de voir se réaliser trop vite un rêve et de me retrouver ensuite vide, sans but horloger.
>Et puis je me suis finalement dit que la vie est trop courte, qu’il fallait que j’arrête de me poser des questions métaphysiques ( grande spécialité personnelle) et que si j’en ai vraiment envie et les moyens, je pouvais me le permettre et me faire plaisir. Na. Et que de toute façon, comme j’allais y venir indéniablement, pourquoi attendre et pourquoi dépenser de l’argent dans des montres « de substitution » qui ne m’enlèveraient pas de la tête l’objectif à terme ? Voilà, la décision était prise. Restait ensuite un autre choix, peut être le plus dur celui là : le choix du modèle. Et là il m’a bien fallu 2 ou 3 mois de réflexion intense, d’essayage divers, de pesage de pour et de contre, d’avantage, inconvénients, de choix de cœur ou de raison.
>J’ai quasiment failli acheter tour à tour tous les modèles, mais c’est finalement sur la Submariner Date que mon choix se portât définitivement.
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>Une montre légendaire, au design intemporel et quasi inchangé depuis 50 ans, porteuse des plus grandes innovations Rolex : l’étanchéité, la date dans un guichet, l’automatisme du remontage. Une fiabilité à toute l’épreuve, aussi à l’aise en décontracté qu’en costume, bref pour moi LA montre.
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>Ca y est la « baroudeuse » est atteinte. Il ne me reste plus maintenant que la « classe ». Pour cette dernière, j’ai décidé de me laisser du temps. Je me fixe pour le moment un horizon de 5 à 10 ans. D’abord cela me permettra de laisser mûrir la réflexion, je pourrai économiser davantage pour m’offrir un plus large panel de choix et je vais pouvoir calmer mes ardeurs horlogères et ainsi me concentrer désormais sur des achats plus « raisonnables », parce que bon, mine de rien, je n’ai pas spécialement chômé en l’espace de 2 ans !
>Je vous remercie de m’avoir lu jusqu’au bout. Je ne sais pas si certains d’entre vous se seront reconnus à un moment ou un autre dans ce témoignage, nous avons tous un parcours et une approche différente des montres, mais toujours centrés sur cette même passion commune et agréablement dévorante...
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