Un peu d'intelligence économique...

[ LA PASSION DES MONTRES - LE FORUM ]

écrit par Bruno le 11 juin 2001 15:30:03:

en réponse à: C'est n'importe quoi...!!! écrit par alex le 11 juin 2001 14:22:59:

Alex,

Que voilà une réaction intéressante ! Te voilà choqué par les prix que pratiquent nos chers dealers de came. C’est une affaire de seuil psychologique car ça fait un moment que certains râlent.
Ces philanthropes de marchants s’alignent sur la capacité de financement de leur cœur de cible, lequel recherche des garde-temps que leur jardinier ne portera jamais.
Comme FYL le soulignait récemment, Lange et les autres font un carton en Asie où les gens, qui ont bien survécu à la crise financière qu’ils ont connu ces derniers temps, se payent des montres hors de prix. L’Asie a toujours été un haut lieu du "Bling-Bling" car le paraître y a toujours eu une place très importante : c’est culturel ! (autre sujet vaste et intéressant)
Donc, quand on voit qu’une Rolex Paul Newman pourrait atteindre le demi-million de francs là bas, comment veux-tu que Lange et consorts ne profitent pas de la situation ? De plus, s’ils continuent à vendre leur garde temps pour une très relative « bouchée de pain », ils vont être en dehors de ce marché fort juteux. Le syndrome « pas assez cher mon fils » a encore frappé. Pour preuve, Zenith a été obligé d’augmenter ses prix de 15 à 30% (quand même !) pour mieux vendre ses montres ! C’est quand même paradoxal non ? Mais ce modèle économique est tout à fait standard dans l’industrie du luxe : il faut que les prix restent dans une fourchette que seule une frange triée de la société peut s’offrir, sinon, cette population s’en désintéresse. Tu n’as qu’à prendre pour exemple la haute couture, le parfum, la bijouterie… Tout ce secteur fonctionne avec des marges ahurissantes qui ne demandent qu’à être augmentées avec la prospérité économique. Car le produit reste le même, seule la marge augmente ! En ce n’est pas parce que, comme sur un modèle économique classique, une marque doit commencer par pénétrer le marché en pratiquant des marges faibles puis augmenter ses prix à mesure que son image et ses parts de marché augmentent. Non ! Il faut augmenter ses prix pour ne pas perdre ses parts de marché !
Et nous, pauvres petits consommateurs passionnés, nous restons au bord du chemin. Mais nous ne sommes que le cadet des soucis de ces marques.
Alex, j’ai une mauvaise nouvelle pour toi : tu viens de quitter le tableau Excel qui sert au pilotage stratégique de Lange et les autres. Bienvenue dans la plèbe.

Amicalement,

Bruno




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