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Re: je vous annonce la naissance de ...


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écrit par Pépé le 02 juillet 2003 20:50:34:

en réponse à: je vous annonce la naissance de ... écrit par yoms le 02 juillet 2003 16:00:11:

Pour info et sauf erreur de ma part :
GMT *France* est une licence accordée par l’éditeur suisse. Càd un droit à exploiter le concept et/ou le contenu de la version suisse avec un certain degré de francisation (des people français au lieu de suisses, des marques françaises, les détaillants français, etc...).
Il doit surtout permettre aux annonceurs horlogers français (importateurs français) de pouvoir cibler LEUR marché domestique et pas celui des voisins... question de partage des budgets!
Et accessoirement à un éditeur français de proposer un concept déjà rôdé sur le marché suisse.

NB : de nombreux autres titres fonctionnent ainsi avec des réseaux de licenciés/partenaires/filiales, ce qui permet aux horlogers de communiquer de manière ciblée sur les marchés qui les intéressent.

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Je profite de l'occasion qui m'est donnée aujourd'hui de revenir sur les critiques répétées que j’ai pu lire sur ce forum à l’encontre de la presse spécialisée française, de son « contenu publicitaire » et de sa différence fondamentale avec celle de nos voisins allemands ou italiens. Peut-être arriverai-je à éclairer d’un autre jour certaines idées reçues.

J’avoue avoir un léger parti pris puisque je travaille moi-même pour l’une de ces revues spécialisées, mais je sors de l’ombre avec d’autant plus de facilité que le titre dont je m’occupe n’est pas trop critiqué par les LPDMistes… il est même parfois encensé :-) mais je ne casserai personne ni ne dirai du bien de ceux qui le mérite.

1) Je pense que les échanges sur ce forum font preuve d’une certaine illusion quand aux attentes du lectorat français (et francophone par extension). Le lecteur demande à voir les nouveautés et à recevoir une information succincte sur le contenu des boîtiers. Il sera libre ensuite de faire le pas de plus pour se renseigner chez un détaillant, avec un catalogue, sur le net ou sur ce forum.
A part une minorité de fous furieux passionnés et qui resteront toujours sur leur faim (la passion dévore…), les éditeurs cherchent à atteindre un public assez large pour rentabiliser les coûts de diffusion (ça coûte d’être dans un kiosque) et justifier d’une audience réelle auprès des annonceurs. Les éditeurs possèdent des outils (statistiques, enquêtes, etc…) pour déterminer les attentes de leur cible et je suis désolé de vous dire que vous n’êtes pas encore le profil majoritaire. Mais bon qu’importe puisque vous continuez à consulter ces « catalogues publicitaires » pour nourrir votre passion et rechercher quelques nouveautés ou sujets de discussion…


NB : je ne veux pas dire non plus qu’il faille maintenir le niveau le plus bas possible et ne pas tenter « d’éduquer » le lectorat pour lui donner une meilleure connaissance du monde horloger et de ses joyaux… Tout dépend de la logique éditorial que l’on suit.


2) Le contenu éditorial est dicté par 2 logiques différentes :
- soucis de profit immédiat : le titre n’est qu’un piège à pub ; il n’y a aucune ligne éditoriale à long terme ; le contenu et la diffusion ne sont que des prétextes pour attirer une partie de la manne publicitaire. Dans ce cas, le texte n’est que le corollaire de la pub et n’agit que comme un argument commercial supplémentaire, il doit séduire l’annonceur.
- soucis de viabilité à long terme : le titre est essentiellement destiné à un lecteur. Il faut donc l’intéresser en lui apportant de la matière, en lui offrant ce qu’il ne trouvera pas ailleurs, en lui donnant envie de lire et de recommencer au prochain numéro. Plus longue à porter ses fruits, cette logique joue sur le fait que l’annonceur finisse par utiliser le titre qui s’adresse à sa cible plutôt que celui qui s’adresse à lui…

Tout le monde prétendra fonctionner selon la seconde logique, en réalité c’est très rare. Au final, la différence fondamentale résidera dans le fait qu’un titre soit LU ou simplement FEUILLETE. Mais qu’importe à nouveau puisque, à part en temps de crise où il y a un peu d’écrémage, il y a de la place et de la pub pour tous les titres, même les plus mauvais…


NB : pour les avoir entendu souvent lors des différents salons (Bâle, SIHH), je peux vous garantir qu’il y a un certain nombre de journalistes qui continuent à écrire ce qu’ils veulent (et encore une fois c’est pas parce qu’on ne parle pas de la différence entre le mouvement X et le mouvement Y qu’on fait de la merde publicitaire…), alors que d’autres aimeraient bien mais qu’ils sont obligés de bouffer… dura lex, sed lex !


3) Le contenu est fonction de la logique éditoriale, on l’a vu ci-dessus, mais aussi des attentes du lecteur et de l’aptitude à communiquer de certains horlogers…

Les journalistes « indépendants » parleront des produits qui leur plaisent mais aussi de ceux qui intéressent leurs lecteurs. Or il s’avère qu’ils sont plus nombreux à rêver d’une Patek, d’une Vacheron, d’une Rolex, d’une Jaeger ou d’une Omega que d’une Sinn, d’une Zeno, d’une Poljot ou autre Oris (je ne parlerai pas d’une Raidillon :-)). Parallèlement à ça, les marques connues et reconnues (donc qui intéressent les lecteurs) sont celles qui ont des budgets pub et qui ne manqueront pas de passer des annonces pour faire connaître aux lecteurs les pièces qu’elles ont présenté aux rédacteurs avec leurs dossiers de presse...

De plus, ces mêmes journalistes « indépendants » vous feront découvrir leurs coups de coeur (la marque inconnue, la nouveauté révolutionnaire ou l’artisan perdu au fond de sa vallée) sans aucune chance d’en retirer la moindre annonce. Mais il faut bien reconnaître que de nombreuses « petites marques » ont un mal fou à se faire connaître, à communiquer leur nouveautés et à fournir de la matière publiable et ce dans les délais… Quand bien même elles désirent communiquer !
Un journalistes qui doit fournir du beau-intéressant-à temps aura toutes les peines du monde à écrire sur un passionné qui n’a pas de temps pour faire parler de lui (alors qu’il possède une matière très riche). Le travail sera facilité quand le service de presse d’une « grande marque » lui fournira tous les renseignements et images qu’il désire (même si la matière est beaucoup moins originale). Alors même s’il ne faut pas sombrer dans la facilité et que chercher les « scoops » est l’apanage du journaliste, c’est humain de se laisser aller…


Pour conclure de manière très consensuelle, je pense que les titres présents sur le marché ont tous leur raison d’être dans la mesure où, s’ils perdurent, c’est qu’ils répondent à un besoin des horlogers qui les font vivre. Même si l’on peut se demander parfois si certains n’ont pas du caca dans les yeux tant certaines choses sentent le foutage de gueule… Heureusement la crise actuelle devrait faire ressortir les meilleurs (ou les moins pires si l’on se replace dans votre perspective)…

Et si vous avez des suggestions constructives, je suis certain que mon rédac’ chef sera ravi…



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