Ah la la la la, la malhonnêteté des propagandes... (long et chiant)


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écrit par Bruno, l'Accro du tic tac le 14 mars 2002 13:04:31:

en réponse à: Marketing et connerie écrit par Laurent S le 14 mars 2002 09:34:43:

Salut à tous,

Voici un sujet comme je les affectionne particulièrement. Pourquoi ? Parce que je me suis rendu compte essentiellement par l’exercice de ma profession que j’avais radicalement évolué quant à mes réactions face à ce genre de décalage entre réalité et discours (attention, je ne suis pas dans le marketing). En proie à des réactions épidermiques il y a quelques temps, je suis devenu beaucoup plus cynique.

Il existe une armada d’adages sur le sujet de la déformation de la réalité. Ca va de "toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire" à "un petit mensonge vaut mieux qu’un grand malheur" et ainsi de suite mais mon préféré dans l’esprit est "on n’attrape pas des mouches avec du vinaigre" car il résume très bien le fond du problème.

Les attitudes conformes à ces adages ne sont pas réellement malhonnêtes. La réalité est embellie pour être plus agréable à entendre. Au passage, on change quelques éléments intangibles tels que l’état d’esprit des acteurs à ce moment là.
On peut par exemple prendre les héros de champs de batailles. Ils ont été "courageux", ont "pensé à la patrie", sont "allé sauver leur camarade" etc. Au-delà du but servi par ce discours qui peut se discuter, la propagande ne peut décemment pas dire "Après avoir chié dans son froc de trouille et sous l’effet combiné de l’alcool et des vapeurs d’essence, le soldat trucmuche couru à en perdre haleine devant lui en arrosant au petit bonheur de tous côtés avec son fusil d’assaut. Quand il arriva aux lignes ennemies il s’effondra, gravement blessé aux jambes. Mais, par chance, la position ennemie était tombée sous ses tirs."
Le résultat tangible est le même : la position ennemie est tombée, le soldat trucmuche a participé à l’exploit et il a été salement blessé. Pour sa bravoure et ses blessures, il recevra en grandes pompes, une médaille de la nation reconnaissante, dans sa petite chaise à roulette, le 8 mai.

Finalement, ce qui change, c’est le discours car sinon, comment motiver des jeunes gens, en pleine forme, à l’aube de leur vie d’aller se faire tuer sur un champ de bataille pour un drapeau ou un bout de terrain ? Pensez aux héros du vol United qui "ont fait tomber l’avion en se rebellant contre les pirates de l’air". Le discours officiel omet de dire qu’ils ont très certainement reçu une "petite" aide de l’extérieur sous la forme d’un Stingray tiré d’un F16.
Mais, à quoi ça servirait de le dire... à rien. Ah si, ça servirait la vérité ! Mais c’est quoi la vérité face au désarroi d’une nation, voire d’une civilisation entière frappée dans sa chair ? Les non-effets positifs de cette vérité sur le "moral des troupes" auraient été plus dommageables que les méfaits de cette petite omission.
Alors là, on se dit : "Ouais, mais c’est un mauvais exemple, les ricains de toute façon…"
Alors plus près de notre culture, que penser des honneurs qui furent rendus à la Police à la Libération ? C’était fort ça quand même car la Police avait largement collaboré à l’effort des Nazis pendant Vichy. Mais, une Nation en reconstruction peut-elle se passer d’une police respectée et puissante avec ses cadres ? Certainement pas la France à ce moment là. Au lieu donc de pendaisons, ce fut les fourragères. Et les exemples sont nombreux.

La vérité est un concept, purement intellectuel. Quand il s’agit de mener des groupes vers des objectifs qu’ils ne partagent pas naturellement avec leur meneur, la Vérité est dangereuse.

Vous me trouvez immoral ? Alors pourquoi approuver le contrôle parental sur les contenus diffusés à la télé ? Pourquoi vouloir fermer les sites Nazis ? Pourquoi luter contre la pornographie à la portée des enfants ? Pourquoi interdire les drogues ? Pourquoi... Toutes ces choses font pourtant partie de la Vérité puisqu’elles existent ! Non ?

L’objectif d’un discours tel que celui de Zenith n’est ni de relater un fait historique, ni de réécrire l’histoire. Il est de faire rêver la cible, de l’amener à aller dépenser son argent (il est maigre, mais c’est un sacrifice) en affrontant le regard désapprobateur de bobonne, les pleurs des enfants qui auront un plus petit cadeau à Noël et les réprimandes du banquier. Mais c’est pour une grande cause dont il sera fier toute sa vie : il donne raison à ceux qui dans l’adversité ont continué à y croire et c’est ça l’essentiel. D’ailleurs, les motivations de ce brave monsieur Vermot à l’époque, qui ici les connaît vraiment ? Moi pas, toutes louables qu’elles furent. Zenith est-elle devenue ignoble une fois que M. Vermot est parti ? Et toutes les braves gens qui travaillent aujourd’hui chez Zenith pour fabriquer nos hochets méritent-t-ils de pâtir de la mauvaise santé financière de la Maison dans les années 70 ?

Alors vient la question : comment vivre dans un monde si moche, peuplé de menteurs et de bonimenteurs ? J’ai une solution : Ne prendre ce que l’on lit, entend et voit que pour ce que c’est, à savoir une certaine interprétation de la vérité et qui arrange quelqu’un. Et parfois, ce quelqu’un c’est moi.

Amitiés,

Bruno


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