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écrit par vapaanga le 10 juillet 2004 22:38:18:

en réponse à: Gros hors sujet écrit par vapaanga le 10 juillet 2004 17:58:28:

>Puisqu'on est pas mal parti sur les HS en ce moment et que certains (entre autre Marc F) me l’avaient demandé, je vous propose de vous brosser un petit aperçu d’un stylo mythique: le Parker 51.
>C’est à la fin des années 30 que sont lancées les premiers développements du Parker 51 qui aboutissent en 1939. Le stylo est commercialisé à partir de 1941. L’objectif était de produire un stylo révolutionnaire qui puisse supporter une nouvelle encre développée par Parker: la 51 High Velocity. Cette dernière avait pour qualité de sécher très rapidement. Il fallait donc développer une plume sur laquelle l’encre ne sèche pas directement, d’où l’idée d’une plume cachée et protégée par un capot. Par ailleurs, sous ce capot devait se trouver un système d’écoulement de l’encre très perfectionné pour l’époque: un système tubulaire composé de stries très fines et très nombreuses qui permettaient de jouer entre elles le rôle de sasses de décompression.
>En effet, le réservoir à encre d’un stylo comprend toujours une certaine quantité d’air. Or, avec la dilatation de l’atmosphère, cette quantité d’air est amenée à prendre plus ou moins d’espace dans le réservoir. Aussi, il arrive parfois que l’encre soit chassée brutalement du réservoir à cause d’une pression atmosphérique plus importante. D’où la fameuse fuite d’encre. Sur les roller-ball contemporains comme les Pilots, on peut voir ce système de sasses à travers le plastique transparent.
>Le nouveau système d’écoulement de l’encre Parker permettait d’éviter à la fois ces fuites et le trop plein d’écoulement d’encre. D’où un écoulement toujours homogène quelque soit la quantité d’encre restante dans le réservoir (les anciens stylos plumes avaient tendance, lorsque le réservoir était presque vide, de laisser passer trop d’encre d’où une écriture trop grasse et trop épaisse).
>Sur la photo suivante, vous pouvez voir quatre Parker 51 dans quatre coloris différents: deux assez courants (le noir et le gris) et deux plus rares (bordeaux et bleu/vert). S’y trouvent des modèles Vacumatic et Aerometric qui se distinguent les uns des autres par leur système de remplissage. Ces modèles suivants ont tous été produits entre 1946 et 1949.
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>Sur la photo suivante, vous pouvez voir un Parker 51 accompagné d’un Parker 61. Le 61, qui est sorti vers la fin des années 50, fut un véritable bide pour Parker. Il utilisait un nouveau système de remplissage par capillarité qui n’était pas très abouti. Par ailleurs, Waterman venait de sortir un peu avant son fameux stylo CF (Cartridge Filled) qui fonctionnait avec des cartouches en plastique. Le CF connut un vrai succès jusque dans les années 80. La contre attaque de Parker avec le 61 fut un véritable échec. D’où en 1960 le Parker 45, premier stylo à cartouches de la marque dont le numéro 45 s’inspirait du fameux Colt.
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>Sur cette photo, vous pouvez voir le Parker 51décapuchonné. Sa forme de squale est directement inspirée de l’aéronautique. Notez la bague en aluminium qui possède deux rainures contre lesquelles se resserre le capuchon quand on ferme le stylo. C’est un système à friction très ingénieux qui évite tout contacts entre le plastique du corps et le métal du capuchon. Il en résulte un système fiable et surtout inusable: au bout de 50 ans d’ouverture et de fermeture, la capuchon reste toujours aussi bien fixé. On ne peut pas en dire autant des modèles contemporains…
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>Sur la photo suivante, vous pouvez voir le système Aerometric de remplissage fabriqué à partir d’une armature métallique et d’une lame qui vient compresser une poche réservoir en Teflon. Inusable! Par ailleurs, la capacité du réservoir est équivalente à celle de 4 cartouches d’encre. Autant dire que l’on a de l’avance pour écrire et que c’est un mode de remplissage très économique.
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>Sur cette photo, le capot du système d’écoulement de l’encre est ôté. On peut voir la plume en or 18 carats, et le fameux système d’écoulement à sasses. Il est fabriqué dans le même matière plastique que le corps du stylo, à savoir en Lucite, un plexiglas fabriqué par Dupont de Nemours pour Parker. C’est un plastique très résistant et très agréable à tenir en main. Cela permet d’obtenir un stylo léger et solide. En ce qui me concerne, un vrai stylo plume se doit d’être en plastique. Dans l’histoire du stylo, vous avez trois grandes ères de résines qui permettent de dater facilement un stylo: l ‘ébonite (du caoutchouc vulcanisé de couleur noir. Et venue après la version de couleur rouge brun) apparue vers 1885, le celluloïd à partir des années 20, et les matières résineuses dérivée des produits pétro-chimiques à compter du milieu des années 30.
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>Photo suivante: système d’écoulement de l’encre vu de dessous et sans réservoir.
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>Photo suivante: démonté entièrement, le Parker 51 ne comprend pas moins de 17 pièces différentes, sans le capuchon. Sa fabrication nécessitait pas moins de 220 opérations dont une grande partie étaient manuelles.
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>En ce qui me concerne, le Parker 51 correspond à l’achèvement technologique le plus parfait du concept de stylo. Sa forme est à la fois symbole d’une époque (les années 40) et symbole d’une aire technologique (l’aéronautique). Pourtant, il déroge à toute notion de désuétude. La preuve, c’est que sur les 40 millions d’unités produites pendant toute la période de sa commercialisation ( de 1941 à 1969), un grand nombre sont encore en service aujourd‘hui. Hélas, à une période où tout doit se renouveler, il n’y a plus aucune chance pour qu’un tel stylo réapparaisse tel qu’on l’a connu par le passé.
>Cordialement
>Vapaanga
>PS: Et puisque on est complètement HS, je me lache avec un objet qui ravira les amateurs d'armes blanches: un Spyderco Viele. Ce modèle fait partie des éditions spéciales Spyderco sorties en quantité limitée. Celui-ci a été fabriqué au Japon.
>Concernant la soi-disante crise que vit chronomania, je trouve qu'elle est complètement factice. Cela fait peu de temps que je viens ici, mais je trouve que le gros avantage de ce forum, c'est au contraire sa très grande diversité et son ouverture d'esprit qui permet à chacun de découvrir et de puiser ce qu'il souhaite.
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