Bâle : la suite (long !)


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écrit par Joël de Toulouse le 21 avril 2002 22:25:58:




Le deuxième jour de ma visite à Bâle fut donc consacré aux nombreux rendez-vous que j'avais pu obtenir auprès des Maisons Horlogères. J'étais accompagné de Sèb de Zurich dont les connaissances hors pair dans le domaine de la fabrication des montres et l'analyse aussi caustique que pertinente allaient quelque peut surprendre certains de nos interlocuteurs, plutôt habitués aux courbettes polies préludes aux demandes de subsides. Il faut ici souligner que l'accueil qui nous a été réservé fut exemplaire, preuve qu'un média Internet est désormais pris au sérieux, surtout lorsqu'il s'appelle Chronomania !
Sur la recommandation de Ludwig Oechslin nous avons débuté par Ulysse Nardin. Ce fut un émerveillement. Principale raison, la Genghis Khan, montre exceptionnelle que nous avons pu admirer sous tous les angles et que nous avons écoutée aussi, forte de son carillon Westminster. Il s'agit en effet d'une montre avec tourbillon, carillon Westminster, sonnant sur 4 timbres différents, et répétition minutes avec Jaquemarts. Les 3 automates se détachent d'un fond en onyx et s'animent lorsqu'on actionne la répétition.




Le mouvement, a l'esthétique parfaite, est l'œuvre de Christophe Claret.



Ce dernier, rencontré sur le stand de l'AHCI, nous a appris qu'il ne pourrait guère fabriquer plus de 6 à 10 mouvements par an. Mais des rumeurs sur le stand U.N. laissaient entendre que la première année de production était déjà vendue…
Toutes les autres nouveautés 2002 nous ont été présentées et nous avons même eu une pièce à notre disposition pour des séances photos ! On ne s'en est pas privé et je retiendrai en particulier le Colombus Set comprenant 3 montres : le Chronomètre de Marine 1846, le Marine Diver 1846 et le Chronographe de Marine annuel, disponibles en or ou acier et livrés dans un bel écrin en bois. Pour les autres modèles de l'année, on notera le passage obligé ces temps-ci par les boîtes tonneau, et un joli traitement bleu acier des mouvements :



Quitte à rester dans les splendeurs, nous sommes allés ensuite du côté de Patek. Certes point de rendez-vous ici, malgré ma demande, mais le dossier presse qui nous a été remis est particulièrement bien fait. Je vous parlerai donc brièvement de la Ciel Lune, ref 5102 pour les puristes. Cette montre est dans la lignée de la Star Caliber 2000 et de la Sky Moon Tourbillon que nous avions pu admirer l'année dernière. Le cadran reproduit la rotation dans le sens anti-horaire de la voûte céleste de l'hémisphère nord.



Le fond du ciel est représenté par un disque en saphir bleu qui laisse voir un autre disque pour les phases de la lune. Au-dessus, un disque en saphir transparent comporte les étoiles et la Voie Lactée. Encore au-dessus, le verre de la montre comporte une ellipse délimitant la portion de ciel visible à Genève.



Le mouvement, calibre 240/165, est automatique à micro-rotor et comporte bien sûr le poinçon de Genève.

Histoire de redescendre un peu sur terre, nous avons arpenté les nombreuses allées, tombant ici sur un mouvement chrono roue à colonne de Seiko, côtoyant une montre à quartz à remontage manuel (?). Selon un représentant Seiko la gamme mécanique Credor pourrait être commercialisée prochainement au-delà de l'Asie. Je ne sais pas toutefois comment on doit interpréter le mot "prochainement"…



Nous avons poursuivi nos pérégrinations ce qui nous a donné l'occasion de rencontrer Richard Mille, en compagnie de Georges-Henry Meylan de chez Audemars Piguet. On sait en effet que les surprenantes montres de Mille sont réalisées en collaboration avec AP et Renaud et Papi.



Puis, le temps de constater que la Nomos Tangente date avait (enfin) un fond transparent,


nous sommes allé chez Rolex. Oui Rolex. Comment Sèb a réussi à organiser cet entretien tient je crois du miracle. Mais qu'importent les détails, nous avons effectivement était reçus par Rolex. L'idée que se fait Rolex de l'horlogerie suisse, et de Rolex en particulier, est haute. Ca on s'en doutait et je suis de ceux qui disent qu'ils n'ont pas tort. L'idée que se fait Rolex du monde de l'Internet est basse. Et ça je ne m'y attendais pas. En tout cas pas à ce point. Pratiquement la première demi-heure de notre entretien fut consacrée aux problèmes des faux, des copies, du marché gris et du rôle de l'Internet dans les "blanchiments" divers. Moi qui ai fait 11 ans d'études après le bac pour gagner honnêtement ma vie, j'avais l'impression d'être aux bancs des accusés et je m'apprêtais à préparer une sortie honorable lorsque Sèb, qui n'avait pas mâché ses mots sur ce qu'il pensait de la Maison genevoise, lâcha la question qui fige : qu'est-ce qui fait rêver Rolex ?
La conversation prit alors une autre dimension et comme j'en avais profité pour sortir de mon sac mon Explorer (j'avais une Lassale au poignet pour ne vexer personne), elle circula pour aborder des points techniques et force fut de constater que c'était une vrai :).


Et des choses nous en apprîmes.
Ce n'est pas tant d'apprendre que certains modèles de Daytona (qui n'aura pas plus de date cette année que l'année dernière) ont un cadran dont le fond est taillé dans une météorite, Corum avait fait ça aussi dans le temps, mais le fait qu'un ouvrage "officiel" sur Rolex était en préparation qui nous a surpris. Peu de choses ont été officiellement écrites sur Rolex et le fait que des informations fiables sur la marque soient enfin disponibles devrait limiter les nombreuses entourloupes qui effectivement existent sur le marché de l'occasion. Côté montres, les verres (une des rares choses fabriquée en sous-traitance chez Rolex), vont désormais comporter un n° de série gravé dans l'épaisseur. Ce numéro ne sera visible qu'à la loupe. En cas de casse, le verre remplacé portera en plus la lettre "S" pour "Service". Le fermoir des bracelets acier va également être amélioré, ce qui ne choquera personne.
Mais la vrai surprise vient de Tudor. Car Tudor va fabriquer ses propres mouvements ! C'est déjà le cas pour certains modèles dames et médium, ce le sera prochainement pour les montres hommes. Sans doute voit-on avec méfiance chez Rolex les exigences du Swatch Group… Ces mouvements seront automatiques, mais aucun document n'est encore communiqué…



Après ces sensations fortes, la visite chez Breguet m'a fait l'effet d'un chocolate con chourros dans un jardin andalou : voluptueux. Réception dans un boudoir, discours feutré, gants blancs et montres parfaites. Pas de fausse note, d'autant que c'est désormais Nicolas Hayek en personne qui s'occupe de la Manufacture. Car s'en est une : la preuve la fabrique de mouvements va prendre le nom de Manufacture Breguet. Première montre présentée une montre dame au cadran excentré pour évoquer la lune et…les aiguilles Breguet :



puis des nouvelles montres homme, plus grandes puisque c'est dans l'air du temps, fond légèrement bombé et cadran émail grand feu ou or argenté guilloché :





Enfin, l'inévitable tourbillon qui cette année joue avec les volumes avec son cadran subtilement décalé pour laisser passer l'aiguille du tourbillon, laquelle est en fait un B stylisé, à l'initiale de la marque…



Clément, je t'envie de caresser ces montres à longueur de journée…

Malgré la fatigue qui commençait à se faire sentir, ce fut ensuite le tour de Zénith. Pas de rendez-vous mais une hôtesse affable qui me remet sans sourciller le dossier presse. Enfin les dossiers presse. Car des nouveautés il y en a chez Zénith. Ca pousse comme les prix. En gros (si j'ose dire) elles deviennent toute plus grandes. Je vous en montre une sélection totalement subjective.
Il y a d'abord les El Primero 4001 et 4009 montés respectivement dans les Grande ChronoMaster GT et Grande Chronomaster XT. En plus des complications calendaires du El Primero 410, on trouve sur ces 2 modèles une fonction retour en vol et une phase de lune classique pour la GT et stylisée avec aiguille pour la XT.



Il y a aussi la Class Elite Dual Time, calibre Elite 682 ultra-plat,



la Class Elite automatique à réserve de marche,



la Class Sport, plus classique



et une série Grande Classe (si on veut) El Primero, muni du nouveau calibre El Primero 4002 deux compteurs :



Bref de nombreux et jolis mouvements avec rappelons-le 4 nouveautés, 3 nouvelles versions du El Primero et une nouvelle version de l'Elite.



Ainsi prend fin ce compte-rendu. J'aurais aimé rencontrer Oris, Dubey et Eberhard qui m'avaient donné des créneaux pour aller les voir mais ça n'était plus possible. Je m'en excuse au passage, mais je devrai pouvoir faire un supplément car je dois recevoir pas mal de docs.
Je termine sur cette belle pendule d'Erwin Sattler (je suis fan mais c'est encore plus cher qu'une montre Zénith :) et je vous promets pour l'année prochaine d'y passer au moins un jour de plus.
Serviteur
Joël






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