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Les montres militaires d'air et de terre. Une histoire au service de l'HISTOIRE


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écrit par ZEN le 02 janvier 2005 12:30:18:

Les esprits des premières années du 20 ème siécles sont très mobilisées sur les phènoménes naturels et leur conséquences. La presse de l'époque parle de personnes pulvérisées lors de vols en montgolfières pour justifier que l'on n'en retrouve pas les corps, l'aviation balbutie et chaque pilote est un héros, et on en est sûr, la comète de Halley va percuter la terre en 1910 entrainant la fin du monde.

La guerre, tout le monde en parle mais nul n'imagine la rapidité avec laquelle le monde va y entrer après l'attentat de Sarajevo.

Les montres sont à cette époque dans les poches et non aux poignets, tenues par une chaine et un homme avec une montre bracelet est inimaginable, il n'y a que les femmes qui en europe se parent les poignets de bijoux.

La montre est un luxe, un cadeau de communion et les marques déjà en proposent des versions à tous les prix ouvrant en option, toutes les qualités et finitions de mouvements et tous les métaux pour en composer les boites.
Les horlogers des villes et des campagnes proposent par ailleurs des assemblages qu'ils font eux mêmes ou reçoivent d'ouvriers à domicile ou grossistes. Ces montres anonymes ou parfois marquées sur les cadrans ou les fonds des noms des commerçants sont le plus souvent à clés et les emporter sur le front est difficile car leur manipulation est peu pratique.

Les premières années de guerre vont faire passer les montres des poches aux poignets. Souvent les premières montres sont des montres de col de femmes auxquelles on a soudé des anses. Les couronnes se retrouvent en direction de la main et la montre est peu lisible. Les fabricants s'daptent très vite et proposent des boitiers spèciaux munis de parfois de grilles pour protéger les verres fragiles et impossibles à remplacer dans les tranchées.

Comme la lisibilité est une commande forte de l'armée et que dans le fond des tranchées et des grottes que les soldats ont creusé, il fait noir, il faut donner à ces montres une lisibilité nocturne.

C'est par l'invention de Marie Curie, le Radium que viendra la solution, les aiguilles et les cadrans seront enduit d'une peinture au radium, produit luminescent et radioactif auquel on préte à l'époque des vertus thérapeutiques sans limite.

Des dizaines de femmes mourront pour avoir peint ces cadrans en affinant les pointes des pinceaux du bout des lévres et en provoquant ainsi d'horribles cancers de la mâchoire que la médecine ne sait pas soigner.

La montre de Poilus devient un produit que toutes les marques proposent ces montres munies de petits bracelets étroits. Mieux certaines proposent des bracelets avec un système de pince qui permet de positionner la montre au poignet sans y souder d'anses.
L'histoire retiendra la montre bracelet faite par Cartier pour Santos Dumont.

Les montres sont fabriquées par LIP en France mais tout le monde s'y met et Elgin, Hamilton, Movado, Ingersoll, Hampden aux Etats-unis, IWC, Lange en Allemagne, Omega, Tissot, Longines, ZENITH en suisse mais aussi bon nombre de marques disparues vont équiper les officiers puis les soldats.

La montre fera très vite partie du pactage du soldat en particulier Américain et Anglais.

Les Américains marqueront leurs montres sur les boitiers et mouvements de la propriété du gouvernement US. La montre n'est que prétée au soldat.

Certaines marques seront "embarquées" dans la livraison de montres et devront produire des volumes considérables par rapport à leurs structures. Elle se fourniront parfois à l'extérieur en calibres pour faire face aux commandes.
Vacheron et Constantin par exemple, furent dans ce cas.

L'entre deux guerre verra la mode de la montre bracelet évoluer. L'aviation exigera des montres antimagnétiques, lisibles plus "confortables" et le gousset sera dépassé par les montres bracelets.

Chaque marque comprenant l'intéret de livrer aux armées ne serait-ce que pour en faire de la "Réclame" se livre à la production de montre d'Aviateurs, mais aussi à des modèles spécialisés pour Automobilistes, Sportifs, Cyclistes, Voyageurs, et pour les Chemins de fers...

Après la guerre les marques entament une course contre leur concurrence pour faire des montres de bord, montres d'aéronefs munies parfois de dispositifs de retour en vol.Ce fut le cas notamment de Breguet, ZENITH ou Jaeger.

Au démarrage de la seconde guerre, toutes les marques disposent de stocks qui leur permettront de faire face aux premières commandes.

Tout le monde équipe tout le monde...Les Français portent des montres...Allemandes. Les Allemands sont équipés en Minerva, Lido, Longines, ZENITH, Tutima, Glashütte, IWC, Lange, DOXA...les montres sont marquées D.H pour Diest Uhr Heer). Les pilotes Allemands porteront aussi beaucoup de Chronographes Hanhart à un ou deux poussoirs.
Les calibres Hanhart équiperont en 1954 les pilotes de l'armée Française dans un modèle connu sous le nom de VIXA type 20. Mais les Allemands ne livreront dans le cadre des dommages de guerre que des calibres sans antichoc.

Les Américains portent bien sûr des montres Américaines Hamilton, Waltham, Elgin, Bulova ou Ingersoll mais aussi des montres Suisses parfois faites spécialement pour eux par ZENITH, Tissot, Longines...


Il faut dire que le marché Russe s'est refermé après la Révolution et que ZENITH ou Tissot étaient très développé sur l'exportation vers la Russie.
Le marché Américain était donc déjà une aubaine.

Les Anglais disposent quant à eux de montres Jaeger Lecoultre, IWC, Eberhard, Buren toutes ou presque avec la Broad Arrow et la marque ATP pour Army Time Piece et WWW pour Waterproof Wrist Watch.

La production Américaine est telle que Elgin et Hamilton cessent leur activité de fabrication de montres civiles pour ne se consacrer qu'à la production de montres militaires ausii bien de gousset que bracelet.

Après la guerre mondiale, La France se retouve en Indochine avec des montres qui proviennent pour des volumes importants des dommages de guerre.
Les Stowa avec leurs aiguilles rouges équiperont une partie( 2500) soldats. Mais les Français porteront aussi des Bulova, Elgin ou Waltham...

Des marques Françaises se développeront en particulier autour de la montre militaire. Si LIP livra pas mal de modèles, Airain, Auricoste, Dodane furent aussi de grands producteurs de montres militaires Françaises et en particulier de cette fameuse Type 20 dant la plus prestigieuse reste la Bréguet.

Les montres militaires furent et demeurent un élèment de l'image des marques, mais toutes n'ont pas l'histoire avec elles pour en fonder la légitimité.

ZEN.




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