Nouvelle revue : Ma TISSOT Héritage 1952


[ chronomania.net - Les archives de l'ancien forum ]


écrit par Guy le 22 mai 2006 08:24:22:

Ma TISSOT Héritage 1952


Chaque année, et ce depuis plusieurs années, Tissot sort une montre en série limitée s’inspirant des modèles du passé de la marque.

Pour avoir auparavant possédé l’une ou l’autre de ces rééditions (Porto, Héritage Sovereign) et avoir été, à chaque fois, impressionné par leur excellent rapport qualité/prix, j’ai franchi le pas pour ce modèle rétro qui s’inspire cette fois d’un modèle homme classique de 1952.



Le boîtier :


Il est en acier poli, ses dimensions sont de 32 mm sur 32 (43 mm jusqu’au bout des anses) pour une hauteur maximale au centre de 10,5 mm.



Sa forme est donc rectangulaire, ce qui est plutôt rare dans la production actuelle, bien que cette forme semble revenir en grâce (voir les nouvelles Reverso carrées).

Il est cintré, bombé dans sa partie haute.

La couronne de belle taille avec logo de la marque permet un remontage d’une douceur assez rare.



N’oublions pas les belles anses qui sont non sans rappeler, excusez du peu, celles que l’on trouve sur les montres Vacheron Constantin de la série Malte.



Le fond, pour une fois, n’est pas transparent, mais présente une superbe gravure en relief.


Il s’agit du blason Tissot.

On trouve également le numéro de la montre : «Edition limitée N° 3134/3333» et l’indication de certification chronomètre du mouvement.


Le cadran :



Il est argent opalin, visible à travers un verre minéral traité antireflets et est superbement sobre.

Il est bombé et ce qui frappe sous certains angles, ce sont les plis inhabituels aux 4 coins.



Des chiffres romains ( à 6 et 12 h ), des index facettés et des points en relief alternent sur le cadran.

La date remplace l’index à 3 heures, ce qui est, à mon avis, une faute de goût, mais a un côté pratique indéniable pour celui qui veut porter cette montre quotidiennement.

Des aiguilles Alpha en acier poli brillant indiquent les heures et les minutes.

Une jolie trotteuse tourne dans un cadran en creux à guillochage circulaire contrastant avec le reste du cadran.

On trouve l’ancien logo Tissot de 1925 gravé sur le cadran et, littérature somme toute inutile, l’inscription en français : chronomètre automatique.


Sobriété oblige, il n’y a ni chemin de fer, ni subdivision pour les minutes, ni matière lumineuse et pourtant la lisibilité est très bonne même en basse lumière.


Le mouvement :


Il s’agit du calibre 2895-1 de chez ETA dans sa version chronomètre.

Le certificat COSC est livré avec la montre.



Comme en général chez ETA les mouvements aux normes chronomètre sont également en finition haute , je suppose que c’est le cas ici, mais, n’ayant pas encore ouvert la montre, je ne saurais l’affirmer.


Le bracelet :


Il est en veau noir d’excellente facture monté sur boucle déployante et on peut le voir sur la plupart des photos, mais je l’ai remplacé d’abord par un veau marron, puis finalement par un croco noir pour souligner davantage le côté habillé de la montre.


La boîte et les documents :


Une surboîte en carton blanc, un magnifique coffret en bois avec un grand compartiment de rangement dans lequel on trouve, une documentation sur la montre, le livret de garantie, la notice et le certificat COSC.

Conclusion :

Cette Tissot est une montre sympathique, originale de par sa forme et qui offre un très bon rapport qualité/prix, mais elle n’est et ne sera probablement pas au goût du plus grand nombre.

Ses proportions élégantes sont par contre, pour moi, un vrai plaisir en cette époque de montres dopées aux anabolisants.



Guy


En appendice un petit historique de la marque :


Charles-Felicien Tissot tient un atelier de montage de boîtes en or au Locle depuis 1846. La petite ville compte 7 883 horlogers sur 8 500 habitants. En 1853, il fonde avec son fils, Charles-Emile, le Comptoir Tissot. Cent cinquante ans après, Tissot vit toujours aux ordres de la famille Hayek, propriétaire de Swatch Group.
A ses débuts, les Tissot fabriquent à la main plus de mille montres par an qu'ils écoulent en grande partie en Russie. La mécanisation multiplie le nombre de pièces, treize mille en 1915. Le comptoir survit à la Première Guerre mondiale et à la révolution bolchevique. Ils inventent la montre-bracelet pour les femmes en quête d'émancipation et partent à la conquête des Amériques.

L'esprit de famille

En même temps, la manufacture se standardise, elle se concentre sur les petits calibres. La démocratisation du temps est en marche. Et tout le monde veut être à l'heure. La précision à des prix modérés devient un slogan et une réalité. La Suisse livre désormais quatorze millions de pièces par année.
L'esprit de famille résiste au succès. Le paternalisme singe les conventions collectives. Marie Tissot (1897 Ð 1980) incarne la mère compatissante envers les ouvrières à l'ébauche et au remontage. On construit des logements populaires assortis d'une caisse de pension. L'engagement social est sans faille. Et la fidélité récompensée, courses d'école et célébrations scandent les anniversaires et les jours de fête. Dans les années septante, l'introduction du treizième salaire, de l'horaire libre et l'augmentation progressive des semaines de vacances entretiennent la fibre sociale de l'entreprise.

La fusion avec Omega

En 1921, la production chute à huit millions de montres. Trente mille chômeurs battent les rues à la recherche d'un emploi. La faiblesse des devises étrangères et les mesures protectionnistes des pays importateurs étouffent l'horlogerie suisse. Le krach de Wallstreet et la dépression généralisée qui s'en suit lui portent le coup de grâce. La fusion avec Omega - qui appartient à la famille Brandt de Bienne - sauve Tissot de la déroute. Mais c'est l'ensemble du secteur qui change de visage. Il simplifie ses structures, se regroupe et réglemente prix et monopoles. Le rapprochement d'Omega et Tissot aboutit en 1930 à la création de la Société suisse pour l'industrie horlogère (SSIH). L'arrivée de capitaux étrangers et la créativité de Edouard-Louis Tissot (1896-1977) relancent la machine. La première montre automatique date de 1944. Encore une fois la guerre n'arrête pas Tissot. Réfugiés polonais et soldats américains remplacent les clients des pays belligérants. Puis on franchit les océans dans l'attente de jours meilleurs en Europe. Le Brésil, friand de montres suisses, achète à tour de bras la qualité helvétique bon marché.
A partir de 1950, Tissot adopte le calibre unique. La chaîne de montage s'accélère. On dépasse le cap des cent mille pièces par mois. L'échec malheureux d'un modèle synthétique en avance sur les gožts du public, mal vu par les détaillants qui n'ont rien à gagner d'une montre qui ne se répare pas, freine cependant son expansion. Alors qu'une nouvelle récession attaque l'économie mondiale.

La crise

Malgré l'électronique et le quartz, la crise des années septante ravive les vieux démons. Le pétrole se fait rare, les exportations tarissent et la concurrence japonaise durcit la compétition sur les marchés internationaux. On licencie, on rationalise la production et on abandonne des activités peu rentables. Les rivalités internes entre les générations enflamment la situation. Les jeunes s'installent aux commandes. Les appétits sont faméliques. Il faut redistribuer le pouvoir et redessiner les organigrammes. On dégraisse encore sur le dos des frontaliers et des femmes mariées. Tissot perd la moitié de ses emplois. La main-d'œuvre indigène s'exile remplacée plus tard, à moindre frais, par des immigrés italiens et espagnols.
Pendant ce temps, rentabilité et bas prix obligent, l'entreprise délocalise une partie de sa production au Mexique. Puis viennent l'Italie, Hong Kong, la Roumanie, Singapour et les Etats-Unis. Fin 1977, une augmentation de capital achève la restructuration. Mais après une courte période de répit, Tissot replonge.

Le sauvetage

Le 21 octobre 1980, la presse annonce une perte de 42 millions. Seule une intervention massive des banques évite la faillite. Nicolas Hayek, consultant de renom, célèbre ensuite le mariage entre SSIH et ASUAG, Société générale de l'horlogerie, qui veille depuis 1931 sur les intérêts de Longines et Rado. La SMH, Société suisse de microélectronique et horlogerie, voit le jour en 1983. Deux ans plus tard, Nicolas Hayek, avec la bénédiction de la Confédération et des banquiers, rachète la société et lance la première Swatch. Juste retour du plastique délaissé trente ans auparavant. SMH et Tissot, dans la gamme moyenne, battent rapidement tous les records. Bientôt, ils couvrent 10% de la production mondiale de montres. Swatch Group achève l'œuvre en 1998. Et s'élance vers une montre intelligente où le temps s'émiette en fonctions multiples, virtuelles, en réseau. Avec en prime, l'endurance légendaire des boîtiers Tissot, capables de se faufiler dans l'estomac d'une vache sans dommages.

Auteur : Danesi Marco




Réponses:


[ chronomania.net - Les archives de l'ancien forum ]