Comment aimer une ... (merde, encore trop long)
[ LA PASSION DES MONTRES - LE FORUM ]
écrit par Bruno le 13 février 2001 19:10:27:
en réponse à: Comment peut-on encore aimer une Blancpain? écrit par *Philip* le 13 février 2001 17:22:13:
Bonjour à toi *Philip* et à tous les autres,
Très intéressant plaidoyer que tu nous livres ici !
Je comprends tout à fait ta répulsion face à l’image que renvoyait ce monsieur Biver dans sa Corniche et j’aurais très certainement éprouvé la même chose.
Cependant, est-ce que toute la production de Blancpain est à cette image ? Personnellement et n’en engageant que moi, je ne pense pas après avoir parcouru leur catalogue.
D’autre part, les goûts personnels du Boss sont-ils à prendre en ligne de compte lorsqu’on juge la production d’une marque ? Dans la mesure où ceux-ci ne déteignent pas sur les produits eux-mêmes, bien sûr. Faudrait-il alors s’attacher aux goûts du patron avant de se lancer dans l’achat de quoi que ce soit de futile ?Evidemment, si éthiquement, donc pour une raison dont tu jugerais l’importance supérieure par rapport au produit lui-même, tu refuses de lui payer un bout de sa Corniche… ou du moins de sa prochaine, alors tu peux refuser l’idée que d’autres le fassent. Tu peux alors partir en croisade. C’est l’homme que tu veux abattre, pas directement l’entreprise ou les produits. Il est des causes pour lesquelles tu peux mobiliser une armée, d’autres pas. Le mauvais goût fait partie de ces causes peu mobilisatrices.
Cependant, tu touches ici à l’épineux problème de l’usurpation d’identité. On la constate de la part de marques qui aujourd’hui tentent de faire du gros business avec le concept, finalement très moderne, de faire du vieux avec du neuf ! Il n’y a qu’à voir le revival du rétro ! Il existerait donc des marques qui auraient le droit d’exploiter cette image et d’autres pas ? Selon quels critères ? Cette grille de critères ne pourrait pas être universelle !Je te rejoins sur le fait que cette mode et destinée à la fameuse cible « élite de masse » (syllogisme ?) « j’ai des valeurs, moi, m’sieur, et j’aime les trucs beaux et classe comme on les faisait avant pa’sque ça fait pas nouveau riche ». Cette cible croit pouvoir s’acheter son appartenance à une élite raffinée, en achetant de l’authentique forcément cher, donc peu accessible au commun des mortels. Pour prendre la mesure de ce phénomène, il suffit d’aller faubourg St Antoine et de rentrer dans une de ces boutiques de meubles de style (qu’ils disent), comme Romeo ou encore de regarder les possessions des nouveaux riches russes. Il est édifiant de constater comme l’adage « tous les (mauvais) goûts sont dans la nature » est vrai. Et plus c’est laid (attention, selon mes goûts seulement) et voyant, plus ça coûte cher et plus c’est désirable pour celui qui cherche à marquer par ce moyen (facile ?) sa différence. Au milieu de tout ce déballage d’horreurs dont je ne voudrais même pas en cadeau, on peut voir de belles choses (je pense ici aux intérieurs « somptueux » - erk !- des milliardaires russes qui m’ont réellement marqué).
Après, certains, comme toi, étant plus instruits et plus critiques, savent séparer le grain de l’ivraie et ne tombent pas dans ce panneau. D’autres se feront « avoir » et auront l’impression, pas forcément à tort d’ailleurs, de posséder une authentique pièce d’horlogerie fine suisse, héritière d’une longue lignée de produits raffinés. Il y a de belles choses malgré tout dans la production actuelle de Blancpain et si on les prend pour ce qu’elles sont, tout à fait respectables. Bien sûr, elles sont très chères, trop chères. Mais bon, si on a les moyens de se l’offrir et que pour cela on a des raisons que l’on juge bonnes… pourquoi pas ?
Voilà une partie de mon point de vue sur ce sujet bien épineux des goûts des autres (double ;-))
Amitiés à toi *Philip* et merci pour la Rolex verte.
Bruno
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