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Re: oui, mais...(long) =;o)


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écrit par Nicolas le 01 décembre 2003 15:32:18:

en réponse à: Ouh la la ... c'est stratégique comme information ça... écrit par Bruno, l'accro du tic tac le 01 décembre 2003 12:07:10:

>Salut Nicolas,
>la part de sous-traitance dans des produits à forte valeur ajoutée et à forte marge est une information stratégique qui ne se communique pas !
>Imagine de demander à Renault quelle est la part de leur sous traitance et tu verras la réponse : top confidentiel. Tu auras droit à un pourcentage évasif dont tu ne sauras trop s'il est en valeur, en volume de pièces ou en autre chose.
>Les spécialistes de la veille stratégique et concurrentielle se basent sur de nombreuses sources d'information, jusqu'aux bilans des diverses sociétés, pour essayer de détrerminer ce genre de proportions, par recoupement.
>Bref, ce n'est pas gagné.
>De plus, il faut faire une distinction franche entre sous-traiter la simple fabrication sur la base de process et de conception réalisées par celui qui sous-traite (c'est une sous-traitance de moyens) par rapport à la sous-traitance complète de la conception et la fabrication (sous-traitance de savoir-faire et de moyens, voire de savoir-faire seul dans le cas des bureaux d'études).
>La seule chose dont on peut être sûr c'est que c'est beaucoup plus qu'on ne le croit et qu'ils veulent généralement le faire croire mais cela n'entâme en rien les qualités des manufactures. Savoir sélectionner et faire travailler le bon sous-traitant est un talent également.
>Amitiés,
>Bruno

Salut Bruno,

Je suis entièrement d'accord avec toi sur le fait que des faiseurs de voitures ne peuvent exécuter toutes les pièces chez eux en interne car, pour un véhicule, il entre en oeuvre énormément de main d'oeuvre et de matières premières tellement différentes que cela serait impossible à gérer de manière complètement efficace. Le métal, les tissus, les caoutchoucs, les plastiques demandent des maîtrises d'ouvrage extrèmement diversifiées et expertes.

Cependant, pour une montre, la problèmatique me semble un peu différente en ce sens où, une montre est (à la base) composée de différents métaux. La boîte et les rouages, même si la composition des métaux diffère, restent dans un créneau de fabrication assez étroit. Fabriquer un rouage en laiton ou une boîte en acier trempé ou en or peut être exécuté par une seule et même entreprise. Le fraisage d'une boîte ne doit pas demander plus de précision que celui d'un balancier. La mise au point d'un spiral ne doit pas foncièrement différer de celle d'un autre ressort. Bref, l'expertise reste dans le même domaine pour la partie la plus importante de la montre.

Qu'une société horlogère fasse sous-traiter la fabrication de ses bracelets cuir ou de ses verres plexi, je le comprend parfaitement. Les métiers sont très sensiblement différents. Mais pour la fabrication de pièces dans la composition d'un mouvement 100% maison, envié par le monde de l'horlogerie tout entier, j'avoue trouver cela étrange de risquer de se placer dans une situation bancale, en étant tributaire d'un fournisseur qui peut décréter ne plus vouloir livrer ou bien vouloir mettre les clefs sous la porte. C'est exactement la situation que risque de rencontrer zénith avec le spiral qu'elle achète à Swatch...

Je trouve cela dommage.

De plus, je suis pas sûr que Rolex soit 100% autonome, car j'ai lu que les soucis de contrefaçons rencontré par la Fondation viendraient de leurs sous-traitants qui n'ont pas de scrupule à dépasser un peu (!) les quotas de fabrication imposés par la marque. C'est comme cela que l'on peut se retrouver avec une vraie - fausse Rolex, que même les experts n'arrivent pas à démasquer.

Mais bon, que vaut-il mieux ? Faut-il faire sous-traiter les pièces de ses mouvements ou ses boîtes ? Est-on vraiment encore une Manufacture quand on achète les composants de ses créations à l'extérieur ou ne devient-on pas un excellent assembleur ?

Tous les domaines semblent être atteints par le syndrôme de la sous-traitance aigüe : on pense que l'on va aller plus vite et plus loin. Mais cela implique une confiance totale envers le sous-traitant qui devient un fournisseur à part entière, parfois unique, indispensable et parfois incontrôlable.

J'ai le sentiment que le Docteur Hayek, après avoir sauvé toute cette formidable industrie, a décider d'y mettre le feu.
Le monde de l'horlogerie a vraiment besoin d'un bon décrassage.

Amitiés,

Nicolas.





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